vendredi 26 juin 2009

DANGEREUSEMENT SEXY !

Nous reprenons notre histoire du cheerleading au début des années '70. Un homme, Jeff Webb (voir photo) sera le principal artisan d'importants développements qui conduiront le cheerleading à son statut actuel : un sport complet mariant athlétisme et divertissement.

L'intérêt de Webb pour le cheerleading se manifeste sur le tard, un an seulement avant sa graduation, à l'Université de l'Oklahoma. Tout de suite après, en 1971, il entre à la NCA (National Cheerleaders Association) dirigée par Lawrence Herkimer. Ce dernier, considéré comme le père du cheerleading moderne, est tellement impressionné par les qualités de Webb qu'il voit immédiatement en lui un successeur éventuel. À peine un an s'écoule avant que le jeune homme se retrouve vice-président et gérant général de la NCA.

Mais le coup de foudre de Herkie pour Webb ne durera pas longtemps. L'élève et le mentor ne tarderont pas à développer des divergences d'opinions à propos de leurs plans d'avenir pour le développement du cheerleading. Très présent dans les camps d'entraînement des meneuses de claques, Webb se rend vite compte que les jeunes ont changé, suivant en cela l'évolution rapide et spectaculaire de la condition féminine aux États-Unis. Contrairement à Herkimer, Webb croit à la nécessité d'adapter le cheerleading à la libéralisation des moeurs qui a cours dans la société américaine. Il en vient à penser que la philosophie et les méthodes de Lawrence Herkimer et de la NCA sont dépassées. Webb constate qu'à l'approche de son 25e anniversaire d'existence la NCA stagne et qu'elle n'amène pas les jeunes cheerleaders à réaliser leur plein potentiel.

C'est pourquoi, en 1974, avec une douzaine d'instructeurs qui partagent son avis, Jeff Webb quitte la NCA pour fonder la UCA (Universal Cheerleaders Association). Il voit grand mais réalise vite que ce n'est pas une mince tache de concurrencer la toute puissante NCA. Les premières années de la UCA sont difficiles. Webb dirige son association à partir de son modeste appartement et parfois même de son automobile ! La première année, il réussit à faire un profit de $ 850 ! Mais petit à petit, Webb transformera le cheerleading en une discipline sportive populaire et en une incroyable industrie du spectacle mettant en vedette les filles les plus sexy d'Amérique. Et, dans les décennies '80 et '90, c'est la télévison qui lui servira de tremplin pour propulser la UCA vers les plus hauts sommets, éclipsant au passage la NCA et Herkimer.

À cette époque, avec la complicité de ESPN, un nouveau réseau de télé, Webb organise des compétions nationales de cheerleading qui obtiennent immédiatement un succès sans précédent. Pris de court, Herkimer tente d'imiter son ancien élève mais il est trop tard. La UCA s'emparera progressivement de 90% du marché de confection d'uniformes de Pom Pom Girls. Le cheerleading comptera bientôt plus de 3,5 millions d'adeptes. L'organisation de Webb prendra aussi le dessus sur la NCA pour ce qui est du nombre de camps d'entraînement. Depuis plusieurs années, la UCA est l'organisation numéro 1 incontestée du cheerleading aux USA. Webb a gagné son pari et le chiffre d'affaire de sa compagnie dépasse maintenant les 300 millions de dollars par année.

Les images qui suivent (voir video) sont à couper le souffle et montrent à quel point Webb a su conduire le cheerleading à un haut niveau d'accomplissement !




vendredi 5 juin 2009

DES POMPONS PAR MILLIONS

Au début des années '50, avec l'avènement de la télévision en couleurs, celui que l'on surnomme Mr Cheerleader, Lawrence Herkimer, cherche un accessoire coloré qui paraîtrait bien au petit écran. En 1956 il a l'idée de se servir de papier crêpé pour confectionner une fantaisie esthétique qui allumera et illuminera les rêves de millions de filles américaines. C'est l'invention du fameux pom pom. Dès sa naissance, le pom pom soulève passions et polémiques. Herkimer tient mordicus à ce que l'on écrive le nom de sa trouvaille avec un "n" à la fin, pompon et non pas pom pom car, dans le langage vulgaire, l'expression "pom pom" est employée pour faire allusion à l'acte sexuel !

Pom pom ou pompons, peu importe, la mode fait tout de suite rage et toutes les meneuses de claques veulent en posséder. Herkie ne perd pas de temps pour réagir et prend soin de faire breveter sa découverte. La fabrication et la vente de ce gadget génial viendront considérablement gonfler sa fortune. Mais pas autant qu'un autre de ses tours de magie d'homme d'affaires "gambler".

En effet, l'année 1972 marquera un autre tournant qui lui rapportera GROS. Cette année-là, ses camps d'entraînement pour cheerleaders, disséminés partout aux USA, viennent emplir ses coffres de 5 millions de dollars. Cet argent provient d'une multitude de collèges, d'écoles secondaires, d'universités et autres institutions populaires. Dans un geste aussi habile que surprenant, Herkimer se revire de bord et redonne presque la totalité de ces revenus (4,5 millions de $) à ceux qui l'avaient payé. En retour de ce "don", tous ses clients doivent toutefois assurer à sa compagnie l'exclusivité des achats de marchandise ou matériel de cheerleading destinés aux élèves (costumes, pompons, souliers, etc). Aucun des peu nombreux concurrents d'Herkie n'étaient assez riches pour "accoter" une telle offre.

Ainsi, à partir de cette époque, année après année, Herkimer ne fera plus que couvrir ses frais avec l'opération de ses camps d'entraînement mais ses usines de fournitures pour cheerleaders tourneront à plein rendement. Ses clients lui seront toujours fidèles, tout comme les jeunes pom pom girls pendant les années que dureront leur carrière. Lorsqu'en 1986 Mr Cheerleader vendra sa business de camps d'entraînement (pas ses autres actifs), il empochera la faramineuse somme de 20 millions de dollars.

Aux dernières nouvelles, Herkimer se tenait encore en bonne forme physique, à l'âge de 83 ans. Mais il confessait qu'il y a plus de vingt ans qu'il ne performait plus son célèbre "Herkie Jump". Pour y arriver aujourd'hui, disait-il, ça lui prendrait un système de levée et de poulies, et encore... Peu importe, la passion du cheerleading lui aura permis de "s'élever" vers de nombreux honneurs et hommages que son pays a été heureux de lui rendre en reconnaissance de sa contribution sans pareille dans la mise en valeur de la société américaine.

À ce point de notre récit, il convient de résumer en images la partie de l'histoire que nous avons déjà abordée. Plusieurs des images du diaporama ci-dessous sont tirées des archives de l'Université du Kansas. De Johnny Campbell en 1898 jusqu'aux belles années de Lawrence Herkimer, que de chemin parcouru ! Que l'Amérique a changé, et avec quelle beauté et quelle force ! Une belle histoire sur la musique de NFL Films, intitulée "American Holiday"...