samedi 17 novembre 2012

LES DOLPHINS DE 1972 CÉLÈBRENT LE 40e ANNIVERSAIRE DE LEUR SAISON PARFAITE.


À leurs plus beaux jours, ils étaient athlétiques, forts et fringants.  Maintenant ils entrent dans la vieillesse et leurs anciennes blessures reviennent parfois les hanter et les faire souffrir à nouveau.  Le poids des années a alourdi leur corps, buriné leur peau, voûté leurs épaules et courbé leur dos.  Autrefois, ils volaient sur le terrain, aujourd'hui la plupart d'entre eux sont bedonnants et leur démarche est lente et mal assurée.  Leur chevelure est clairsemée et grisonnante.  Leur ardeur a beaucoup diminué.  Et les anciens joueurs de ligne ne sont plus forts comme des boeufs.  Oui leur apparence a pris un coup de vieux, mais dans leur coeur, dans leur tête et dans leurs yeux, leur immense fierté, elle, est intacte, 40 ans après leur exploit exceptionnel.  En effet, sur la scène sportive américaine, ces hommes sont les seuls à avoir fait mentir l'adage selon lequel "la perfection n'est pas de ce monde".  Ces champions parmi les champions, ce sont les joueurs de football de la légendaire formation 1972 des Dolphins de Miami.  Le 14 janvier 1973, à Los Angeles, en gagnant le Super Bowl VII au compte de 14 à 7 contre les Redskins de Washington, les membres de cette équipe de rêve inscrivaient à jamais leurs noms dans le grand livre de l'histoire.  Non seulement étaient-ils sacrés champions du monde du football professionnel, ce qui est en soi une réussite formidable, mais ils devenaient les premiers, et jusqu'à maintenant les seuls, à ne pas perdre au moins un match régulier ou éliminatoire dans une saison complète (17 victoires, 0 défaite).


Depuis cette année mémorable, ces gagnants immortels, auréolés de leur fantastique mythe d'invincibilité, fêtent régulièrement leur record incomparable, qui résiste opiniâtrement au passage des décennies.  Le mois prochain, ils se rassembleront encore pour célébrer cette fois le 40e anniversaire de leur singulier triomphe.  Ils espèrent aussi être reçus à la Maison Blanche par le président Obama, car en 1973, cette coutume d'inviter au Capitole les champions des sports professionnels majeurs, n'existait pas encore.  Le temps commence à presser.  Ils aimeraient avoir ce privilège et cet honneur avant d'être trop âgés ou malades.  Si ces heureuses réunions et ces fêtes sont des sources de joie et de fierté pour les Dolphins, leurs partisans et toute la communauté de Miami, elles agacent un peu certains amateurs de football d'autres villes.  Ceux-ci pensent que l'on a assez vu et revu la "dream team" de 1972, que ce soit lors de commémorations de toutes sortes, de tournois de golf spéciaux ou de conférences de presse suivant le premier échec de la saison des quelques équipes qui, au fil des années, se sont "dangereusement" approchées de leur record de perfection.


Parmi les détracteurs des champions invaincus de 1972-73, il y a sans doute des fans des Patriots de la Nouvelle-Angleterre.  Vers la toute fin de la campagne 2007-2008, leur club favori était toujours invaincu avant de perdre le match ultime du Super Bowl, contre les Giants de New York.  On raconte que durant les dernières minutes de cette partie chaudement disputée, les vieux routiers des Dolphins de 1972 ont poussé un grand soupir de soulagement quand ils ont vu les Giants renverser la vapeur et défaire les Pats, qui étaient pourtant largement favoris pour l'emporter et ainsi compléter une saison parfaite.  Ils ont vu une "intervention divine" dans le fameux catch, ballon contre casque (photo ci-dessus), du receveur David Tyree, des Giants.  Ce jeu clé a été un point tournant et il a permis au club New Yorkais de poursuivre sa poussée victorieuse et de revenir de l'arrière de façon spectaculaire.


Plus tôt, au cours de cette saison 2007, à mesure que l'équipe de la Nouvelle-Angleterre, menée par l'as quart-arrière Tom Brady, accumulait les gains, les experts et les observateurs envisageait déjà la possibilité qu'elle ne subirait aucun revers.  C'est alors que quelques-uns des Dolphins "parfaits" de 72 ont soulevé une polémique en affirmant que si les Pats rééditaient leur vieux record d'invincibilité, un astérisque devrait être placé à côté de leur fiche, dans le livre des records de la NFL.  Un peu comme l'astérisque accroché au nom du tricheur Barry Bonds, pour son record de coups de circuit, au baseball.  Il faut se rappeler que cette année-là, le coach Bill Belichik et son club ont été mis à l'amende ($ 500 000 pour Belichik et $ 250 000 pour l'organisation des Patriots, en plus de la perte d'un premier choix de repêchage) à cause d'une affaire d'espionnage par caméra (surnommée le scandale du "Spygate").  L'équipe de la Nouvelle-Angleterre et son entraîneur-chef ont été reconnus coupables d'avoir filmé les stratèges des clubs adverses afin de voler leurs signaux et leurs secrets"...  Il n'en fallait pas plus pour que Don Shula, le célèbre coach des Dolphins de 1972, s'en mêle et déclare que ce scandale diminuait ce que les Patriots avaient accompli (trois victoires au Super Bowl au début des années 2000, plus une fiche de 9-0 en 2007, au moment de l'intervention de Shula).


Quelques anciens joueurs du club invaincu de Shula en avaient rajouté.  Le botteur Garo Yepremian avait fait ce commentaire sarcastique : «Si les Patriots finissent avec une fiche de 19-0, ils devraient amener leur caméra avec eux, au Temple de la Renommée.»  Si Shula et sa bande ont voulu mettre en doute la valeur des Patriots de 2007 (fiche de 18-1), les journalistes des médias de Boston ne se sont pas gênés pour répliquer et critiquer le parcours sans faute des Dolphins de 1972.  Ils n'ont pas manqué de faire remarquer que, l'année où il a établi son record, le club de Shula a bénéficié d'un calendrier extrêmement favorable.  Un des plus faciles dans l'histoire de la NFL.  La fiche combinée des équipes que les Dolphins ont battues en 72 a été de 70 victoires, 122 défaites, pour un pourcentage victorieux de seulement 36,7 %.  Les scribes bostonnais ajoutaient que, contrairement aux Patriots de 2007, les "Fins" de 72 n'avaient pas à négocier avec des complications comme le système des agents libres, le plafond salarial et le calendrier balancé.  Ce dernier impose aux meilleurs clubs des affrontements contre des adversaires qui ont terminé aux premier rang de leur division, la saison précédente.


On a parfois attaqué la réputation des vieux recordmen des Dolphins en les accusant d'être arrogants et sarcastiques.  Ces qualificatifs peu flatteurs ne peuvent pas s'appliquer à Karl Noonan, un receveur de passes qui faisait lui aussi partie de l'équipe magique de 1972.  Il se souvient très bien de cette année-là mais il est toujours étonné que le record d'invincibilité de son ancien club tienne encore après quatre décennies.  À l'époque, lui et ses coéquipiers croyaient qu'il serait égalé dans les trois ou quatre années suivantes.  Le fait que cette marque historique résiste toujours, après 40 ans, la place parmi les plus grandes réalisations sportives de tous les temps, selon Noonan, maintenant âgé de 68 ans et habitant Charlotte, en Caroline du Nord.  «Dans ce temps-là, raconte-t-il, il n'y avait pas d'agents libres.  Si vous étiez bons et que le coach vous aimait comme joueur, ils vous gardaient.  Il y avait très peu de changements de joueurs.  Alors c'était pratiquement la même équipe d'une année à l'autre.»  À cause de cette régularité, les joueurs se connaissaient bien et ils étaient vraiment unis et dédiés à la cause commune.  Cette force du "tous pour un et un pour tous" a aidé l'équipe à quelques reprises en 1972, quand sa fameuse série victorieuse a été sérieusement mise en péril.


Qu'est-ce qui motivait autant ce groupe spécial en 1972 ?  C'était un désir absolu de venger une...défaite douloureuse.  Celle que ces prétendants au trophée Lombardi avaient encaissée au Super Bowl précédent, contre les Cowboys de Dallas.  Déterminés à surmonter ce revers cuisant pour retourner au Super Bowl et le gagner, les joueurs étaient en mission et ils concentraient tous leurs efforts et leur attention sur cet objectif ultime.  Noonan se rappelle qu'après la fin de la saison régulière, forts de leurs 14 gains consécutifs, les joueurs étaient très confiants.  Dans le vestiaire, il régnait une atmosphère du tonnerre.  Les gars souriaient et ils étaient animés d'une énergie incroyable.  Ils savaient que leur tour était venu de triompher.  Ils savaient que, cette fois, personne ne pourrait les arrêter dans leur marche vers la conquête du titre de champions du monde.  C'était leur année...et quelle année ce fut !


Même s'il n'est pas aussi volubile ou orgueilleux que les Griese, Morrall, Csonka, Morris, Buoniconti, Little ou Warfield, qui font la fête à chaque fois qu'une équipe vient près d'égaler leur record mais finit par perdre un match, Noonan admet qu'il est heureux lui aussi en ces occasions.  Cependant, il reconnaît qu'aujourd'hui c'est plus dur de gagner dans la NFL, non seulement parce que le contexte diffère de celui du début des années 1970, mais à cause de l'importance des enjeux monétaires, de l'attention des médias, du phénomène de l'internet, et de la forte compétition.  Tous des facteurs qui exercent une forte pression sur les joueurs.


Noonan sera lui aussi à Miami, le mois prochain, pour fêter en grand, encore une fois, ce record intact de la saison parfaite de 1972.  Semi-retraité, ce fier athlète qui, à force de travail et de détermination, a su se tailler un poste dans la NFL, sans avoir été repêché par aucun club, prononce maintenant des conférences lors d'événements organisés afin d'amasser des fonds au profit d'oeuvres de charité.  Ayant récemment vaincu le cancer, il appréciera encore plus ces joyeuses retrouvailles avec ses anciens coéquipiers.  Avec les géants de la "No Name Defense" qui pouvait si bien tenir en respect les offensives adverses.  Avec Larry Csonka et Mercury Morris, les deux porteurs de ballon qui, avec l'aide de leurs gros gardes et de leurs bloqueurs redoutables, alliaient puissance et finesse pour enfoncer les lignes de défenses ennemies.  Comme eux, il portera dignement sa bague de champion.  Un bijou unique...  Parfait !  À jamais !     

Aucun commentaire: