jeudi 30 décembre 2021

LES HOMMAGES SE MULTIPLIENT APRÈS L'ANNONCE DU DÉCÈS DE JOHN MADDEN.












Il avait une personnalité unique. C'était un être authentique et original.  Il était aimé par plusieurs millions de personnes.  Il sera grandement regretté.  Le légendaire «coach» de football américain John Madden est décédé subitement mardi, chez lui, à Pleasanton, Californie, à l'âge de 85 ans.  Depuis la triste annonce de sa mort, les hommages ne cessent d'affluer de partout.  Difficile de l'imaginer sans vie, lui que l'on a toujours connu si exubérant, et qui incarnait tellement la joie de vivre.

John Madden a excellé pendant dix ans comme entraîneur des Raiders d'Oakland.  Il possède toujours, à ce jour, l'une des meilleures fiches (en termes de pourcentage de victoires) dans l'histoire de la NFL.  

Entraîneur il l'était toujours durant ses 30 ans comme analyste football sur les réseaux de télé.  Non seulement parce qu'il était un précurseur et un grand connaisseur en nous enseignant le football avec ses fameux schémas de jeux et de stratégies, mais parce qu'il nous entraînait à sa suite dans son amour passionné de la «game».



C'était un personnage haut en couleur, plein d'humour, et si drôle, notamment dans les publicités qui le mettait en vedette, et dans ses inoubliables célébrations gargantuesques du jour de l'Action de Grâce (avec son fameux Turducken) !  Sans oublier comment il gesticulait le long des lignes de côté quand il était coach et qu'il enguirlandait les arbitres lorsque ceux-ci rendaient des décisions «injustement» défavorables à son club.

Il riait volontiers de lui-même ou des plaisanteries des humoristes ou des caricaturistes à son sujet, que ce soit à propos de son style effréné ou de son «look» excentrique.  Un jour, quelqu'un l'avait comparé à «un lit défait».  Loin de s'offusquer de la comparaison, Madden avait répliqué, en riant, que c'était assez juste comme image !

Comme à son habitude, cet expert dans l'art du divertissement avait fait rire tout le monde qui assistait à son entrée au Temple de la Renommée, en racontant le moment le plus heureux de sa vie.  En 1977, à la fin du match du Super Bowl qu'il venait de remporter, cela avait pris cinq ou six joueurs de son club pour le soulever et le porter en triomphe.  Madden était lourd.  Il a déjà pesé 350 livres.



Ployant sous cette encombrante masse, les joueurs l'ont rapidement laissé tomber.  «Boum !», de raconter le nouveau membre du Temple de la Renommée, en reprenant cet onomatopée qui a contribué à le rendre si célèbre.  Mais ce fâcheux incident était correct selon le coloré personnage : «parce que c'était moi, et que c'était eux, et que c'était le moment le plus heureux de ma vie.»

Heureusement, contrairement à bien d'autres hommes remarquables, on a reconnu sa valeur et son talent de son vivant : plus jeune coach de l'histoire de la NFL à 32 ans, champion du Super Bowl en 1977, un nombre record de seize prix Emmy à titre de meilleur analyste de sport, intronisé au Temple de la Renommée du Football en 2006, associé au jeu vidéo le plus lucratif (portant son nom et qui a rapporté plus de quatre milliards de dollars en revenus) etc.  Et bien sûr, toute l'admiration de plusieurs millions d'amateurs de football, ainsi que celle des dirigeants et de plusieurs générations de footballeurs amateurs et professionnels.















Je lui avais consacré un des premiers billets de ce blogue, en 2009, lorsqu'il avait annoncé sa retraite après 30 ans de carrière en tant qu'analyste et commentateur de football à la télé américaine.

https://footballmaniaavechacksaw.blogspot.com/2009/04/truculent-big-john-madden.html

Je ne répéterai pas ce que j'avais écrit alors, mais je laisse la parole à quelques-uns des hommes qui l'ont mieux connu et aimé, et qui ont tenu à lui rendre hommage, de son vivant comme après sa disparition.

D'abord, Roger Goodell, le commissaire de la Ligue Nationale de Football, qui a souligné le rôle clé qu'a joué John Madden pour faire de son circuit le plus populaire et le plus prospère dans le sport majeur : «Personne n'aimait le football plus que Coach.  Il incarnait le football.  Il était une source d'inspiration pour moi et pour beaucoup de gens.  Il n'y aura jamais un autre John Madden, et nous lui serons à jamais redevables de tout ce qu'il a fait pour faire du football et de la NFL ce qu'ils sont aujourd'hui».



Ken Stabler (no 12, photo ci-dessous), qui a été le quart-arrière de John Madden pendant ces nombreuses années de succès comme coach des Raiders, a toujours pensé que le point fort de son entraîneur était son style : «...il avait le don de nous laisser être qui nous voulions être, sur le terrain et en dehors du terrain»(...)«il n'y avait aucun code vestimentaire ou de restriction pour la longueur des cheveux ou de la barbe»(...) «Comment le récompenses-tu d'avoir agi comme ça ?  Tu gagnes pour lui.»  Cette façon de faire contrastait énormément avec celle d'un coach aussi sévère et conservateur comme Tom Landry, des Cowboys de Dallas.  Autant Madden pouvait être démonstratif le long des lignes de côté, autant Landry était impassible et sans émotions.


Il faut se rappeler qu'à l'époque, à la fin des années '60 et au début des années '70 aux États-Unis, on était en pleine période des hippies, du «peace and love», de la drogue et des fêtes bien arrosées.  Plusieurs joueurs des Raiders étaient plutôt délinquants et «hors-la-loi», autant sur le terrain de football qu'en dehors de celui-ci.  Mais tout ce que Madden leur demandait c'était d'être à l'heure pour les activités et les matchs de l'équipe, en plus de jouer dur.  Et dur ils ont joué !  Ils terrorisaient les autres clubs en les malmenant physiquement.  Au grand plaisir de leurs partisans qui s'affichaient parfois avec des accoutrements de pirates, avec imitations de tibias entrecroisés et de crâne de mort !  Comme sur le logo de leur équipe !

Les joueurs des Raiders étaient souvent indisciplinés, mais le seul reproche que Madden leur faisait c'était sur les pénalités de procédures inadmissibles (false start).  Il ne les engueulait pas pour un plaqué raté ou pour avoir été pris hors position.  Un autre de ses anciens protégés, le joueur de ligne offensive Art Shell s'est souvenu : «Les joueurs adoraient jouer pour lui.  Il rendait le camp amusant pour nous, et la saison aussi.» 

Comme analyste, John Madden était aussi respecté par les joueurs de la NFL.  L'ancien quart-arrière John Elway a dit que les joueurs pouvaient contester facilement les commentaires des autres analystes, mais quand c'était John Madden qui parlait, on l'écoutait.  Et les critiques du coach étaient faites de façon à ne pas offenser les joueurs.  Ce que ceux-ci appréciaient beaucoup.



Comme analyste, John Madden était un véritable animateur.  Divertissant, habile vulgarisateur, toujours bien préparé et informé, il demeure le modèle par excellence pour tous les commentateurs de sport d'aujourd'hui.

C'est parce que le son des télé-diffusions des matchs de la NFL ne rendait pas bien les sons qu'il entendait lorsqu'il était coach sur le terrain, que le coloré commentateur s'est mis à les imiter durant ses descriptions : les «boum», «doing», «bam» et autres «woup» ou «whap», qui ont fait sa marque de commerce...  Personne n'avait fait ça avant lui.  Et c'était tellement le fun de l'entendre ainsi animer les reportages et ses explications.

Curieusement, trois jours avant sa mort, le jour de Noël, le réseau de télévision Fox a diffusé un documentaire racontant la vie de John Madden.  Dans ce documentaire, le vénéré coach dit que, lorsqu'il était jeune, son père lui avait conseillé de trouver un emploi qu'il aimerait.  Un emploi si intéressant qu'il lui ferait oublier les vicissitudes de la vie.  En faisant carrière dans le monde du football, un monde qu'il a tant aimé, John Madden affirme qu'il a été le gars le plus chanceux au monde.  Parce qu'il n'a jamais eu l'impression de travailler.  Ce ne fut que du plaisir et du bonheur.

Que seule la mort pouvait arrêter...