dimanche 24 mai 2009

À LA GUERRE COMME À LA GUERRE


On a souvent comparé le football à la guerre. On emploie encore souvent le même vocabulaire pour parler des deux phénomènes. On dit, par exemple, que le quart-arrière a lancé une bombe à son receveur éloigné ou que la défensive a effectué un blitz. Il est ironique que le cheerleading ait aussi suivi la filière guerrière. On a vu que le premier cheerleader, Thomas Peebles, a scandé un slogan inspiré d'une vieille marche militaire popularisée par un régiment de New York qui avait participé à la guerre de Sécession américaine (1861-1865). Et c'est toujours la guerre, cette fois-ci celle qui a secoué le monde de 1939 à 1945, qui donnera son essor au cheerleading. D'abord parce qu'elle favorisera le remplacement des hommes (mobilisés) par les femmes et ensuite parce que deux soldats revenus des champs de bataille auront l'idée d'appliquer et d'inculquer au cheerleading les méthodes et l'esprit de discipline des camps d'entraînement militaire.

Dans l'état de la Floride, en 1949, Bill Horan, un ancien parachutiste de l'armée américaine, tient un premier camp d'entraînement pour meneuses de claques. Lui-même un ancien membre du "Spirit Squad" de l'université de Miami, Horan vient de fonder l' "American Cheerleaders Association". Moyennant des frais de $ 45, chaque participante au camp est soumise à un régime de mise en forme assez sévère. Horan leur impose des exercices exigeants comparables aux drills des militaires. Il leur fait courir "le mile" régulièrement pour développer leur endurance. Leur tenue vestimentaire et leurs manières doivent être irréprochables. Pas de "mâchage" de gomme ou autre accroc à la bienséance. C'est à la guerre comme à la guerre.

Bill Horan ne veut pas seulement que ses élèves deviennent de bonnes meneuses de claques. Il déplore le fait que les jeunes filles manquent de caractère et n'osent pas occuper toute la place qu'elles pourraient prendre dans leur milieu scolaire. Dans une entrevue à la revue LIFE en 1965, Horan dira que sa plus grande réussite, sa plus grande fierté, aura été de faire en sorte que presque toutes "ses" filles s'affirment personnellement en tant que leaders à la tête du campus de leur collège ou de leur université. Donner au sexe "faible" la confiance, la force et le courage de vaincre ses peurs et de foncer sans complexe vers le dépassement de soi-même, comme à la guerre, c'est le plus bel héritage qu'il pouvait laisser à la jeunesse et à la société américaine. Sans s'en rendre compte et malgré ses méthodes d'enseignement "à la dure", Horan aura été un champion de l'émancipation féminine !

J'ai écrit plus haut qu'il y avait deux ex-soldats qui ont donné un nouvel essor au cheerleading après la Seconde Guerre Mondiale. Outre Horan, il y en a un autre dont l'histoire est fascinante et qui transformera sa passion pour le cheerleading en une véritable mine d'or et de diamants ! À suivre au prochain billet...

Aucun commentaire: