On ignore comment les fervents partisans des Jets réagiront au retour d'Aaron Rodgers à New York. Ça pourrait être assez froid, ou se transformer en une séance de chahut.
Malgré de belles promesses, et de grands espoirs, ce messie, avec ses quatre titres de MVP et sa victoire au Super Bowl, avec les Packers de Green Bay, n'a pas réussi à stopper la série de neuf saisons perdantes consécutives des Jets, ni à mettre fin à une disette de quinze ans sans participation aux éliminatoires. De graves blessures, et des frustrations, sont venues entraver son chemin.
À Pittsburgh, sa mission sera moins lourde, on ne lui en demandera pas tant. Les Steelers forment une excellente équipe depuis que Mike Tomlin a débuté sa carrière d'entraîneur en chef avec eux en 2007. Il détient le record de la NFL avec 18 saisons gagnantes consécutives pour commencer une carrière comme coach principal. C'est quatre saisons de plus que l'ancienne marque.
Rodgers (photo ci-dessous) aura 42 ans cette saison, et l'usure de 21 ans de carrière, et de plusieurs blessures, fait en sorte qu'il n'est plus le quart arrière dominant d'autrefois. Mais il est à tout le moins de calibre moyen, et sa vaste expérience le sert bien. Il a vu toutes les situations, et il peut lire les défenses adverses mieux que quiconque. Ce qui lui permet de tirer son épingle du jeu n'importe où, n'importe quand.
À ce stade de sa carrière, le style conservateur des Steelers lui convient parfaitement. Les stratégies de Pittsburgh reposent principalement sur le jeu au sol, ainsi que sur des actions similaires, comme les courtes passes aux demis offensifs et aux ailiers rapprochés. Cela implique des jeux rapides, avec des feintes, pour lesquels Rodgers n'est pas handicapé par son manque de mobilité, surtout quand les défenses adverses utilisent le blitz.
D'ailleurs, le match de dimanche après-midi au MetLife Stadium de New York risque d'être plutôt défensif, les deux équipes étant fortes de ce côté du ballon, et leur offensive étant prudente, et peu explosive.
C'est toutefois une rencontre intrigante puisque les deux quarts arrières, Rodgers, pour les Steelers, et Justin Fields, pour les Jets (photo ci-dessous avec Aaron Glenn), vont jouer tous les deux contre leur ancien club de l'an dernier. Ils connaissent donc les défensives qu'ils vont affronter. Mais la grande expérience de Rodgers lui donne l'avantage sur son jeune rival. Fields n'a pas connu un séjour très productif avec les Steelers la saison passée.
Il a débuté les six premiers matchs de l'équipe en tant que quart arrière titulaire. Lors des trois premières rencontres, ses performances étaient plutôt bonnes, mais les choses se sont tellement détériorées par la suite, qu'il a été relégué sur le banc, pour le reste de la saison.
Ses défauts habituels ont alors refait surface, les mêmes qui avaient été remarqués durant ses premières années avec les Bears de Chicago : irrégularité, difficultés à lire les défensives opposées, indécision conduisant à des sacs trop nombreux, pas assez de talent comme passeur.
Avec les Jets, compte tenu du fait qu'il n'a qu'un seul bon receveur (Garrett Wilson), Fields devra s'appuyer sur sa grande habileté de coureur pour faire avancer son attaque, orientée vers le jeu au sol, en collaboration avec le porteur de ballon Breece Hall. Une attaque assez prévisible, que la défense des Steelers, réputée comme la meilleure de la NFL, devrait pouvoir neutraliser sans trop de difficultés.
De son côté, Aaron Rodgers ne dispose pas de demis offensifs très dangereux en Jaylen Warren et la recrue Kaleb Johnson, mais il peut compenser en lançant de courtes passes à un groupe d'ailiers rapprochés compétents : Pat Freiermuth, Jonnu Smith (photo ci-dessus), et Darnell Washington.
Et lorsque ces options seront trop bien couvertes, Rodgers pourra se tourner vers le jeu long en s'appuyant sur ses ailiers espacés : DK Metcalf, aux mains sûres et faisant partie de l'élite des receveurs de la Ligue, et Calvin Austin III, que les dirigeants des Steelers voient poursuivre sa progression, amorcée la saison dernière. Metcalf aura la lourde tâche d'affronter probablement Sauce Gardner, l'un des meilleurs demis défensifs de la NFL.
Aux points de vue tactiques et stratégiques, Pittsburgh aura également l'avantage avec l'expérimenté et rusé Mike Tomlin, face à son inexpérimenté homologue Aaron Glenn, nouveau coach des Jets. Ce dernier préconise un style agressif, surtout en défensive, avec la tactique du blitz.
Tomlin (photo ci-dessus) privilégie un style rouleau compresseur : épuiser la défense adverse en la martelant avec un jeu au sol répété, tout en s'appuyant sur une défense robuste, pour infliger le même sort aux joueurs offensifs adverses. Avec des as comme T.J. Watt, Cameron Heyward et Alex Highsmith, le solide front-7 des Steelers peut mettre beaucoup de pression sur les quarts arrières adverses.
Ils feront face à une ligne offensive qui dépendra des recrues Olu Fashanu et Armand Membou pour tenir le coup, et protéger Justin Fields du blitz destructeur des solides gaillards de Pittsburgh. Encore là, ce sera l'expérience contre la jeunesse. Ce sera une confrontation à surveiller dimanche.
À Pittsburgh, on croit que Rodgers a au moins une autre bonne saison dans le bras, pour conduire l'offensive à bon port. Ce n'est pas un retour émotif dans le Big Apple qui pourra l'affecter. Il en a vu tellement d'autres, et Tomlin sera là pour le calmer si jamais il ressent trop de pression.
La confiance ne règne pas autant à New York. Les partisans ont la mèche courte, et les médias sont sans pitié. Justin Fields aura beaucoup de pression sur les épaules, et s'il trébuche dès le départ, contre les Steelers, ça pourrait mal aller pour toute la saison.
Il n'a pas beaucoup de choix pour lancer le ballon. Mis à part Garrett Wilson, les autres receveurs ne sont pas de très bon calibre. Allen Lazard manque de fiabilité car il laisse souvent échapper des passes, tandis que Josh Reynolds et Tyler Johnson n'ont jamais réussi à s'imposer comme des ailiers éloignés de haut niveau.
Pour le poste d'ailier rapproché, Gang Green doit s'en remettre à la recrue Mason Taylor (photo ci-dessous), tellement il n'y a rien de potable à cette position.
Nouveau avec son équipe, Fields a peut-être manqué de temps pour développer une bonne complicité avec des receveurs qu'il ne connaît pas bien. Le défi est le même pour son vis-à-vis Aaron Rodgers. Ce qui pourrait nuire à la cohésion et au synchronisme des attaques des deux formations. D'où un pointage qui pourrait être peu élevé, dans la rencontre de dimanche.
Si Fields connaît bien la défensive des Steelers, pour l'avoir côtoyée l'an dernier, celle-ci connaît aussi ses habitudes et ses défauts. Elle pourrait le forcer à commettre des erreurs et des revirements.
Pour Aaron Rodgers, c'est moins clair. Avec le nouveau coach Aaron Glenn, la défensive que le vétéran quart a connue, la saison passée, à New York, ne sera peut-être plus tout à fait la même, du moins, aux points de vue tactique et stratégique.
Mais comme on l'a vu, sa connaissance approfondie du jeu lui permet de s'adapter à n'importe quelles circonstances, et à une multitude de schémas défensifs. Contrairement à Fields, qui utilise sa vitesse et son agilité pour échapper à la pression des défenseurs adverses, la lenteur de Rodgers le rend plus exposé dans les mêmes situations.
Si son front offensif cède contre la pression défensive des Jets, Rodgers pourrait avoir des problèmes à conduire convenablement l'attaque des Steelers. En perdant la guerre des tranchées, Pittsburgh pourrait être impliqué dans un match plus serré que prévu, dimanche.
La réussite offensive des Steelers dépendra de la protection qu'Aaron Rodgers recevra de la ligne à l'attaque. Il y a des doutes à ce sujet. Pittsburgh devra faire davantage reposer ses succès sur le rideau de fer de sa défensive, qui a été encore améliorée dans l'intersaison, avec l'ajout des demis défensifs Darius Slay (ancien des Eagles de Philadelphie), Juan Thornhill (ex Browns de Cleveland), et du joueur étoile Jalen Ramsey (obtenu dans un échange avec les Dolphins de Miami ⇾ photo ci-dessous).
Le front défensif sera encore plus solide quand la recrue Derrick Harmon reviendra au jeu. Mike Tomlin a annoncé que ce premier choix de repêchage serait absent dimanche contre les Jets. Il est blessé à un genou.
Dimanche, les Jets joueront à domicile, mais ce sera probablement leur seul avantage face aux Steelers, une équipe expérimentée et bien entraînée. Si le match se transforme en bataille défensive, Pittsburgh pourrait encore le gagner, mais peut-être seulement par un botté de placement de dernière minute.
Pittsburgh 17, New York Jets 10.
🏈🏈🏈
N.B. ⇨ Pour une analyse plus étendue de l'alignement des deux clubs, voir mes articles précédents.
Pour les Steelers de Pittsburgh ⇨ https://footballmaniaavechacksaw.blogspot.com/2025/06/les-steelers-et-leur-coach-mike-tomlin.html.
Pour les Jets de New York ⇨ https://footballmaniaavechacksaw.blogspot.com/2025/07/previsions-nfl-saison-2025-26-apres.html.
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