samedi 7 septembre 2024



SAISON  2024-25  DES  BRONCOS  DE  DENVER  :  VIVRE  AVEC  L'IMPATIENCE  DE  SEAN  PAYTON  ET  LA  DETTE  LAISSÉE  PAR  LE  DÉPART  DE  RUSSELL  WILSON...


Dernière partie de notre voyage dans l'Ouest de l'Association Américaine : au Colorado, chez les Broncos de Denver.

Sean Payton a une excellente réputation comme entraîneur chef dans la Ligue Nationale de Football.  Les Broncos de Denver lui ont donné les pleins pouvoirs quand ils l'ont mis sous contrat l'an dernier.  Mais il leur a coûté très cher.  Son salaire annuel est estimé à 18 millions de dollars, et pour l'obtenir de son ancien club, les Saints de la Nouvelle-Orléans, ils leur ont cédé un choix de 1ère ronde, et un autre de 2e ronde, au repêchage.

L'année précédente, dans l'espoir de mettre enfin la main sur un bon quart arrière, depuis la retraite de Peyton Manning en 2015, les Broncos avaient dépensé une fortune colossale pour obtenir Russell Wilson, dans un échange au cours duquel ils ont dû donner plusieurs bons joueurs aux Seahawks de Seattle.

Malgré une assez bonne campagne, en 2023-24, Wilson n'était pas du tout le genre de quart arrière à pouvoir plaire à monsieur Payton.  Et ce dernier n'a rien fait pour l'accommoder ou lui rendre la vie facile.  Il lui a même fait réchauffer le banc pour les deux derniers matchs du calendrier.  Cet affront est survenu après que le colérique coach ait piqué une crise contre lui, le 16 décembre, dans une cinglante défaite de 42-17 face aux Lions de Détroit (photo en tête d'article).

Une fois la saison terminée, l'idée de Sean Payton était déjà faite : il ne voulait plus voir Wilson dans son équipe.  Il a été presque donné aux Steelers de Pittsburgh, mais son contrat étant garanti, les Broncos doivent lui verser encore la grande majorité de son salaire.  Cette saison ce sera 53 millions de dollars qui apparaîtront sur leur liste de paye, soit 21 % de celle-ci.  L'an prochain, ce sera encore 32 millions de $$$ supplémentaires.


Sean Payton veut bâtir une formation sur les mêmes critères qui lui ont fait gagner le Super Bowl en 2009, avec les Saints.  Il s'est d'ailleurs assurer les services de plusieurs joueurs qui étaient avec le club de la Nouvelle-Orléans.

Mais son gros salaire, et les hauts choix de repêchage que lui et Russell Wilson ont coûtés aux Broncos, font en sorte que Denver ne peut pas reconstruire l'équipe par de bonnes sélections aux encans amateurs.  Ils n'ont pas non plus de marge de manoeuvre, sous le plafond salarial, pour engager des agents libres de première classe.

Résultat : on fera ce qu'on peut avec les faibles ressources que l'on a, mais les prochaines saisons pourraient être difficiles, même si la grande expertise de Payton fera probablement éviter le pire du pire à l'Orange Crush.

Dans l'entre saison, pour faire des économies à cause du cap salarial limitatif, quatorze joueurs sont partis et autant sont venus les remplacer, mais à moindre coût.  On comprendra que ces changements n'amèneront pas assurément une amélioration de l'alignement.  Ce qui laisse présager que l'on ne pourra probablement atteindre les huit victoires de l'an passé.  Certains analystes les voient même avec deux gains de moins, sinon trois de moins, qu'en 2023-24.



Pour prendre la place de Russell Wilson au poste de quart, Payton vante beaucoup les mérites de la recrue Bo Nix, sélectionné en première ronde, au 12e échelon.  Il était coté au 6e rang chez les quarts arrières de cette cuvée 2024.  Cependant, les experts ne sont pas tous unanimes à son endroit...  Nix (photo ci-dessus) a connu une brillante carrière chez les amateurs en 61 départs comme QB partant, un record.  Son patron a tellement confiance en lui, et en ses qualités de leader, qu'il l'a nommé tout de suite capitaine.

Mais on a remarqué que ses passes sont courtes.  Est-ce parce qu'il n'a pas un bras assez puissant ?  En match de championnat la saison passée, les Huskies de Washington ont neutralisé Nix en inondant les zones courtes ou intermédiaires, parce qu'il ne le craignait pas sur les longs jeux aériens.  Les clubs de la NFL peuvent avoir appris des tactiques des Huskies, et ils vont les appliquer. 

L'offensive des Broncos a fait pitié l'an passé en ne marquant en moyenne que 19½ points par match.  Avec le porteur de ballon principal Javonte Williams et ses 3,6 verges de gains par course (3,3 verges par portée, dans les dix dernières parties), l'attaque au sol ne carbure certainement pas au maximum.  La recrue Audric Estime (choix de 5e ronde) pourrait même être appelée en renforts, si Williams, et son adjoint Jaleel McLaughlin, ne produisent pas au goût de Sean Payton.  Les Broncos n'ont marqué que huit touchés au sol la saison passée.



Et les receveurs de l'équipe sont loin de répandre la terreur en territoire ennemi.  Les Broncos n'ont pas vraiment de receveur éloigné no 1.  Ils avaient, en fait, deux numéros 2, l'an passé, Courtland Sutton et Jerry Jeudy.  Ce dernier a été échangé aux Browns de Cleveland durant la saison morte.

Il sera remplacé par Josh Reynolds, un agent libre embauché après son passage chez les Lions de Détroit.  Les Broncos espèrent aussi que Marvin Mims (photo ci-dessus) puissent "éclore" à sa deuxième saison dans les majeures, lui qui a déçu l'an dernier, mais qui a excellé comme retourneur de botté, en méritant même une place au Pro Bowl, dans ce rôle, sur les unités spéciales.

Troy Franklin, repêché en 4e ronde ce printemps, pourrait contribuer à cette modeste attaque aérienne, dès cette saison, si elle est aussi peu productive que l'an dernier (24e de la NFL).  Franklin a développé une bonne chimie avec Nix, la saison passée quand ils étaient coéquipiers à Oregon.



Du côté des ailiers rapprochés, ce n'est pas l'or du Colorado non plus.  Adam Trautman (photo ci-dessus) semble l'élu au poste de numéro 1, faute de mieux, mais Sean Payton n'ira nulle part avec lui s'il désire gruger de grosses parties de terrain.

La meilleure partie de l'offensive de Denver est de loin leur ligne à l'attaque, bien qu'elle ait permis 52 sacks (27e rang de la Ligue).  Au moins, c'est une bonne fondation...

La défensive ?  Malgré les problèmes de l'attaque, ce n'est rien comparés à ceux de cette unité, où les points positifs sont rares.  L'exception étant le demi de coin Patrick Surtain (photo ci-dessous), qui est tellement intimidant, que les quarts arrières opposés évitent de lancer le ballon en sa direction. Contre lui, ils n'ont maintenu qu'une faible efficacité de 68 %.  C'est le 4e meilleur score pour un demi de sûreté dans la NFL, depuis les trois dernières saisons.

Les autres demis de coin des Broncos ne sont pas de calibre, mais, heureusement, les demis de sûreté sont plutôt bons, avec Brandon Jones et P.J. Locke, bien qu'ils manquent d'expérience, après la perte de Justin Simmons (maintenant avec les Falcons).  Ce seront des partants pour la première fois de leur carrière.



Mais pour freiner les jeux de courses, c'est pas mal le désert.  Après la perte de leur leader Josey Jewell (maintenant avec les Panthers de la Caroline), les secondeurs de ligne sont atroces, et les ailiers défensifs aussi.  Depuis de nombreuses lunes, les Broncos n'ont pas eu un seul chasseur de quart avec au moins dix sacks à son compte.

Il n'y a qu'à l'intérieur de la première ligne que Zach Allen et D.J. Jones sont efficaces.  L'an dernier ce "front 7" a fini 30e de la NFL contre le jeu au sol (137,1 verges allouées par match), et 29e pour les verges totales accordées.  L'unité défensive de Denver a été la pire de la NFL pour défendre les dix dernières verges à la porte de ses buts (20e en zone rouge).

Étrangement, cette défensive a connu énormément de succès dans une séquence de cinq victoires d'affilée, du 22 octobre au 26 novembre, et ce, contre de gros clubs.   Alors que l'offensive ne commettait plus d'erreurs, la défense en provoquait une tonne chez les adversaires.  Elle en a réussi 16, dont 15 échappés recouvrés.  Un exploit qui sera sans doute difficile à répéter.

Ces victoires consécutives, souvent remportées par une très mince marge, ont fait paraître le dossier de 8-9 plus respectable qu'il l'a été en réalité. 



Dans l'ensemble la brigade défensive a terminé 27e pour les points marqués contre elle (417).  De ceux-ci, 70 ont été encaissés le 24 septembre contre les Dolphins de Miami.  C'était la première fois dans l'histoire du circuit Goodell qu'une défensive accordait au moins 70 points, et 700 verges de gains, à un club opposé, dans un même match.

Ce n'est pas en allouant une moyenne de cinq verges par course, et en permettant aux QBs ennemis d'afficher un coefficient d'efficacité de 98 (3e pire de la NFL pour une défensive), que la brigade défensive des Broncos va aider le club à gagner plus de matchs qu'il va en perdre.

On a beau dire que les statistiques de la défensive peuvent souvent varier d'une saison à l'autre, mais disons que ce n'est pas rassurant pour le futur immédiat, en ce qui concerne les Broncos.  Il n'y a pas beaucoup de raisons pour espérer une grande amélioration, du moins, à court terme.

Unités Spéciales

Voilà au moins un domaine dans lequel les Broncos excellent !  Sean Payton a confiance à l'ex porte couleurs des Saints, Wil Lutz (photo ci-dessous), pour les bottés de précision.  Il a bien fait l'an passé.  Le botteur de dégagements Riley Dixon a plutôt été très moyen, mais Mims, comme nous l'avons déjà mentionné, a été superbe comme retourneur de bottés (dont un retour de 99 verges pour un touché).



Conclusion

Sean Payton et les Broncos ont décidé de miser sur la jeunesse et la rapidité pour commencer la reconstruction de l'équipe.  Du 8e plus vieux alignement l'an dernier, Denver aura le 10e plus jeune cette saison.  Payton ne pourra se fier sur sa faible défensive pour gagner à elle seule des affrontements.  Pas même contre les modestes Raiders de Las Vegas, qui ont battu les Broncos dans leurs neuf dernières confrontations !

Les parieurs et les preneurs aux livres misent sur une 8e saison perdante d'affilée pour l'Orange Crush.

Payton a certes apporté de la discipline dans sa troupe.  Avec Nix, un QB qui demeure davantage dans la pochette protectrice, -contrairement à Russell Wilson-, le coach en chef veut du rythme dans le jeu de passes, avec un bon timing entre les QB et les receveurs.  Il veut que ces derniers soignent leurs tracés, surtout en milieu de terrain.  

Si Nix n'est pas fort sur les longs jeux de passes,  ça ne dérange pas Sean Payton.  Drew Brees n'avait plus de bras, en dernier avec les Saints, et Payton s'en est accommodé.  Mais pour réussir, Nix devra être mieux protégé.  La ligne à l'attaque a permis beaucoup trop de sacks en 2023-24.


Il faudra voir si Bo Nix ne sera pas le 12e quart arrière à manquer son coup avec Denver, depuis que Peyton Manning a pris sa retraite, après avoir gagné le Super Bowl 50.  Les pivots substituts Jarrett Stidham et Zach Wilson ne seront pas des sauveurs, si Nix faillit à la tâche.  Dire que les Broncos auraient pu repêcher Josh Allen (photo ci-dessus) en 2018 !  Quelle occasion ratée !  Allen, un candidat permanent au titre de MVP à chaque année, aurait pu changer le sort du club pour dix ou quinze ans !

Sean Payton sait toujours soutirer le meilleur de ses joueurs, et sa vaste expérience évitera que les siens tombent trop bas.  Mais de là à pouvoir les conduire en séries éliminatoires, il ne faut tout de même pas rêver...  Du moins pas dans un proche avenir.  La dette envers Russell Wilson va freiner encore les espoirs des Broncos pour un bon bout de temps...












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