vendredi 19 janvier 2024



DEMI-FINALES  DE  CONFÉRENCE  DE  LA  NFL :  GRANDEMENT  NÉGLIGÉS,  LES  BUCCANEERS  DE  TAMPA BAY  POURRAIENT  SURPRENDRE  LES  LIONS  À  DÉTROIT  DIMANCHE...

Est-ce la frénésie accompagnant leur première victoire en séries éliminatoires en 32 ans qui fait des Lions de Détroit les grands favoris pour battre les Buccaneers de Tampa Bay dimanche, pour ainsi accéder à la finale de la Conférence Nationale de la NFL la semaine prochaine ?  On dirait bien que oui.  Dans les derniers instants de leur match éliminatoire de la fin de semaine passée, alors que leur courte victoire de 24-23 contre les Rams de Los Angeles était assurée, on a vu pleurer plusieurs vieux fans des Lions, ainsi que le coach de l'équipe gagnante Dan Campbell.

C'est que les Lions reviennent de loin.  Au cours des trois dernières décennies, ils ont été l'objet de moqueries et ils ont fait pitié en étant la pire formation de toute la Ligue Nationale.  Allant inlassablement d'échecs en échecs, ils étaient la risée de la Ligue et la honte de leurs partisans désespérés.  Avec l'agressivité et la détermination de leur nouvel entraîneur en chef, en 2022, la situation peu enviable de ce club misérable a changé.

Depuis ce temps, grâce à une reconstruction réussie, les Lions ont gagné 21 de leurs 28 derniers matchs, et leur premier championnat de division depuis 1993.  Dimanche dernier, dans le stade Ford Fields de Détroit, on avait jamais entendu une foule aussi bruyante, aux dires des joueurs des Rams.  Mais ces derniers auraient pu quand même se sauver avec la victoire si une pénalité pour avoir retenu leur sensationnel receveur Puka Nacua (photo ci-dessous) avait été appelée par les arbitres, profondément en territoire des Lions.  Un placement aurait pu alors donner la victoire à Los Angeles.



La perméable défensive anti-aérienne de Détroit n'a pu trouver le moyen de stopper Nacua (record par une recrue en séries éliminatoires avec neuf catchs pour 181 verges et un touché) et la puissante attaque des Rams, qui a engrangé 425 verges de gains.  Elle n'a pas réussi à le faire sauf en trois occasions, près de sa zone des buts.  En effet, la différence dans le match a été l'opportunisme des Lions qui, en trois voyages dans la zone payante (en-dedans des 20 verges des buts adverses) ont marqué trois touchés, alors que les Rams, en pareille position (red zone), ont été limités à trois placements.

Favoris pour l'emporter par 6½ points dimanche prochain contre les Buccaneers, Détroit aura du pain sur la planche pour venir à bout de leurs rivaux.  Depuis la dernière saison morte, on parle beaucoup des Lions, et les connaisseurs prévoyaient qu'avec la qualité de leur alignement, et l'éclatante fin de saison qu'ils avaient connue en 2022-23, ils pouvaient être le club de l'année en 2023-24 dans le circuit Goodell.

Les Lions ont rempli leur promesse.  Ils se présenteront sur le terrain dimanche avec un reluisant dossier de 13-5.  Mais on oublie que leurs prochains adversaires roulent aussi à un train d'enfer depuis plusieurs semaines.  Ils ont remporté la victoire dans sept de leurs huit dernières rencontres, y compris un impressionnant et écrasant triomphe de 32 à 9, lundi passé, contre les Eagles de Philadelphie, les plus récents représentants de la Conférence Nationale, au dernier Super Bowl.



Les Bucs aiment bien leur rôle de négligés.  Ils l'étaient contre les Eagles, et cela leur a servi de motivation.  Ils ont entamé la rencontre avec énormément d'agressivité, avec une attaque de style «blitz éclair», et une défensive brutale, pressant et harcelant sans relâche le quart-arrière Jalen Hurts des Eagles (photo ci-dessus).  Ils ont été sans pitié contre les pauvres Aigles, qui n'ont fait que continuer leur inexplicable déroute de fin saison.

Quoi qu'on pense et qu'on dise, Tampa Bay peut répéter ses exploits de la semaine dernière contre Détroit dimanche prochain.  Leur défensive est meilleure que celle des Lions, et la force de ses blitzs, qui peuvent venir de partout, sans que la ligne à l'attaque ennemie puisse le savoir d'avance, pourrait figer et malmener Jared Goff, le quart-arrière des Lions.  La semaine passée, les Bucs ont blitzé sur 64% des jeux offensifs des Eagles, et ils ont étouffé ainsi leur attaque.  La charge des défenseurs des Bucs est particulièrement efficace sur les 3e essais des opposants.

L'entraîneur en chef de Tampa Bay, Todd Bowles, est un expert dans l'art de présenter des schèmas défensifs parfois très exotiques qui sèment la confusion dans les rangs des brigades offensives ennemies.



Goff (photo ci-dessus) n'a pas cessé de s'améliorer depuis que les Rams l'ont échangé à Détroit en 2021.  Mais il a conservé ce défaut qui exaspérait son ancien coach Sean McVay.  Il panique lorsqu'il est sous pression, et il n'est pas assez mobile et vif pour échapper aux défenseurs qui le pourchassent derrière la ligne de mêlée.  Il aura du mal à déchiffrer les schémas défensifs compliqués de Bowles.  Dans ces circonstances, cette année, Goff a un affreux ratio de trois touchés contre huit interceptions, avec seulement 53,8% de passes complétées, et un piètre coefficient d'efficacité (rating) de 62,9.

Dans le cas contraire, quand Goff n'est pas sous pression, il est dévastateur avec un ratio de 27 touchés contre quatre interceptions, un pourcentage de 73,9% de passes complétées, et un rating de 115,1.  Il est indéniable que l'offensive des Lions est une des meilleures de la NFL.  Avec Goff, un ancien premier choix de repêchage qui est enfin devenu le quart-arrière de premier plan que l'on attendait; avec des porteurs de ballon dangereux comme David Montgomery et Jahmyr Gibbs; ainsi que les excellents receveurs de passes Amon-Ra St.Brown et Sam LaPorta, cette attaque peut faire mal paraître n'importe quelle défensive ennemie.

Mais la défensive des Bucs est bien plus solide que celle des Rams, qui a n'a pas réussi à contenir suffisamment la formidable offensive des Lions, dimanche dernier.  Durant leur poussée victorieuse de fin de campagne (fiche de 6-1), cette unité n'a donné que 15 points par match et une moyenne de seulement 86,7 verges au sol.  Dans les deux cas, c'est bon pour le 2e rang de la NFL.



Cette défensive est aussi en mesure de contrecarrer les forces de l'offensive des Lions puisqu'elle excelle contre le jeu au sol (3,8 verges en moyenne par portée), et qu'elle limite le nombre de touchés en zone payante (42,6 % de réussite par les adversaires).  Cette brigade a également produit 26 revirements cette saison.  Ses 13 échappés recouvrés sont un sommet dans la Ligue.  Alors que les Lions sont 10e pour le plus grand nombre d'échappés perdus avec 11, cette saison.

Au final, comme l'a souligné coach Bowles (photo ci-dessus), c'est le club qui commettra le moins d'erreurs qui va l'emporter dimanche.  Et si on pense que son homologue des Lions, Dan Campbell, dirige une formation à son image, c'est-è-dire sous le signe de la robustesse (d'autres, comme le QB des Rams Matthew Stafford diraient plutôt «dirty» ou -salauds-), les Bucs de Bowles peuvent en dire autant de leur style de jeu, pour le moins intense.

En sous-estimant Tampa Bay contre les Lions, les experts, et preneurs aux livres, oublient également que les joueurs des Buccaneers, contrairement à leurs jeunes adversaires, ont une grande expérience des séries éliminatoires.  Ils y participent pour une quatrième saison d'affilée, et plusieurs d'entre eux ont gagné le Super Bowl de 2020.  En fait, seuls les Chiefs de Kansas City ont une meilleure fiche en éliminatoires depuis ce temps.



D'accord, en 2020, c'est le meilleur quart-arrière de l'histoire de la NFL, Tom Brady, qui les a conduits à la victoire ultime, mais même si leur QB actuel Baker Mayfield (avec son épouse Emily Wilkinson sur la photo ci-dessus) n'est pas Terrific Tom, il joue du très bon football depuis la mi-saison, cette année.

Mayfield n'a pas le luxe d'avoir un bon champ arrière à ses côtés, comme Goff chez les Lions.  L'attaque au sol des Bucs a terminé bonne dernière cette saison dans la NFL.  Mais c'est une autre histoire en ce qui a trait à l'attaque aérienne de l'équipe.  Avec les receveurs étoiles Mike Evans et Chris Godwin, qui ont cumulé chacun plus de 1 000 verges de gains, et combiné leurs efforts pour marquer 15 touchés, Mayfield a en eux des cibles de choix.

De plus, la recrue Trey Palmer est un véritable marchand de vitesse et il s'est imposé comme le receveur no 3 des Bucs.  Son touché de 56 verges, contre les Eagles la semaine dernière (photo ci-dessous), a fait écarquiller les yeux de plusieurs observateurs, tellement il a couru vite pour distancer rapidement ses poursuivants.



Le demi défensif Rachaad White est un meilleur receveur que porteur de ballon, et lui, ainsi que l'ailier rapproché Cade Otton, et le nouveau venu David Moore, ont apporté une bonne contribution à l'offensive aérienne dirigée de belle façon par Mayfield.  Ils devraient avoir du succès contre la friable et inefficace défensive anti-aérienne de Détroit.

Même si l'attaque terrestre des Bucs a connu plus de succès vers la fin de la saison régulière, ce sera inutile de vouloir s'acharner à courir contre l'impeccable front défensif des Lions, le 2e meilleur de la NFL contre le jeu au sol (88,8 verges alloués par joute).

Cette défensive vulnérable accorde néanmoins beaucoup de points (23e rang de la NFL avec 23,2 points en moyenne par rencontre) et elle a périclité au 27e rang de la Ligue en allouant 247,4 verges aériennes par match.  Les demis de coin des Lions sont particulièrement médiocres lorsqu'on les attaque sur les tracés extérieurs.  Mayfield et ses excellents receveurs pourraient bien exploiter cette faille.



Pour y arriver, la ligne à l'attaque des Bucs devra protéger Mayfield lorsqu'il lance le ballon.  Le bloqueur Luke Goedeke aura la lourde et cruciale tâche de neutraliser le meilleur chasseur de quart des Lions, Aidan Hutchinson (photo ci-dessus).  Goedeke a réussi parfaitement sa mission lundi passé, en réduisant à néant les efforts du meilleur chasseur de quart des Eagles Haason Reddick.

Certes, les Lions ont remporté la victoire contre Tampa Bay (20 à 6) lors de la semaine 6 (le 15 octobre) cette saison.  Mais les Buccaneers se sont bien améliorés depuis cette confrontation à sens unique.  Et pour réduire le bruit infernal de la foule de Détroit dimanche, ils feraient bien de prendre rapidement les devants au pointage, en jouant agressivement, comme ils l'ont fait contre Philadelphie la semaine dernière.  

Certes, les Lions sont bons chez eux, devant leurs féroces partisans (fiche de 7-2), mais les Bucs ne sont pas vilains lorsqu'ils évoluent à l'extérieur de leur stade (5-4).  Ils ont gagné lors de leurs trois dernières prestations à l'étranger.



Les points les plus importants dans cet affrontement Bucs-Lions sont Mayfield, et la tenue de la défensive de Tampa Bay.  Si le quart-arrière des Buccaneers poursuit sur sa lancée victorieuse des dernières semaines, et si l'unité défensive de son club peut arriver à limiter les dommages de la grosse attaque des Lions (et ses meilleurs éléments : Goff, Gibbs, LaPorta et St.Brown), les Buccaneers peuvent causer la surprise en venant à bout du club local, et de sa foule de fans déchaînés.

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