SAISON 2024-25 DES LIONS DE DÉTROIT : ON SE CRACHE DANS LES MAINS ET ON RECOMMENCE !
On complète notre tour d'horizon des clubs de la division Nord de la Conférence Nationale en scrutant de plus près les champions de l'an dernier, les Lions de Détroit.
Ça se passait le 28 janvier dernier, au Levi's stadium de Santa Clara, en Californie, devant 71 824 spectateurs. Les Lions de Détroit menait 24 à 10 sur les 49ers de San Francisco, avec une vingtaine de minutes à jouer dans le match. On raconte que les partisans des Lions, excités au maximum, avaient déjà commencé à réserver leur place pour le Super Bowl du 11 février à Paradise, Nevada.
Il y avait de quoi être fébrile, jamais leur club favori n'était venu aussi près de participer au Grand match. Six décennies de déboires et de frustration allaient prendre fin. Le fond du baril avait été atteint en 2008, quand l'équipe de "Motor City" était devenue la première de l'histoire de la Ligue Nationale de Football à perdre tous ses matchs (0-16). Les fans étaient découragés, et les joueurs aussi. Des super vedettes comme Barry Sanders, et, plus tard, Calvin Johnson, avaient préféré prendre une retraite précoce, au lieu de continuer de perdre avec cette organisation détestable.
Les Lions avaient remporté leur dernier championnat de Ligue en 1957, alors que la NFL n'existait même pas. Avant cette saison 2023-24, leur dernière victoire en séries éliminatoires remontait à 1991 (leur seul gain depuis 1957); et ils venaient de gagner leur premier titre de division depuis 1993.
Le but ultime de parvenir enfin à leur premier Super Bowl était donc à portée de leurs mains. Puis, en un rien de temps, plus précisément deux minutes et quinze secondes, les 49ers ont frappé comme l'éclair : deux touchés successifs, le premier sur un superbe catch de Brandon Aiyuk, le second sur une course d'une verge de Christian McCaffrey. Les Lions venaient de perdre une avance de 24 à 7 à la mi-temps. Le pointage était égal 24-24.
Les Niners ont ajouté dix autres points au tableau, dans les douze premières minutes du quatrième quart, et s'en étaient fait des espoirs des Lions, et de leurs partisans désenchantés.
Après cette défaite cruelle et amère, l'entraîneur en chef Dan Campbell (photo ci-dessus) n'a pas réconforté ses hommes. Il leur a dit qu'ils venaient de manquer une occasion unique d'aller jusqu'au bout, et qu'une telle chance ne se reproduirait peut-être plus jamais pour eux.
Mais, au camp d'entraînement, cet été, plusieurs joueurs ont déclaré qu'ils étaient encore plus déterminés qu'avant, de capturer ce trophée Lombardi, qui leur a échappés, alors qu'ils en étaient si près.
Les instructeurs de l'équipe savaient ce qui avait causé la perte de leur formation : la faiblesse de leur défensive, en particulier, la tertiaire, une véritable passoire. Les coachs de cette unité ont donc retroussé leurs manches, durant la saison morte, afin de trouver des solutions à leurs problèmes.
Car c'est bien beau d'avoir une des meilleures attaques sur le terrain, et d'empiler les points. Mais aucune équipe ne peut gagner au Super Bowl sans avoir au moins une défensive dans le top 5, ou le top 10, de la Ligue. Les Chiefs de Kansas City l'ont démontré.
Cette brigade défensive manquait de chasseurs de quarts arrières, seul Aidan Hutchinson se distinguait dans ce rôle. Il avait besoin d'aide. Un "front 7" qui ne met pas assez de pression sur les attaquants ennemis, hypothèque sérieusement les chances que sa tertiaire tienne le coup, derrière. Les Lions ont donc fait l'acquisition de l'agent libre DJ Reader (photo ci-dessus), un plaqueur défensif qui a passé les quatre dernières années avec les Bengals de Cincinnati, et l'ailier défensif Marcus Davenport (ex-Saints et ex-Vikings).
Pour renforcer leur tertiaire pleine de trous, les Lions ont obtenu le demi de coin Carlton Davis III, dans un échange avec les Buccaneers de Tampa Bay. Ils ont également fait signer un contrat à Amik Robertson, un ancien des Raiders. Ils ont repêché Terrion Arnold (1ère ronde) et Ennis Rakestraw Jr (2e ronde).
Ils espéraient aussi que Emmanuel Moseley (photo ci-dessous) reviendrait en forme après avoir raté toute la saison dernière à cause d'une blessure au genou. Il s'est de nouveau blessé au camp d'entraînement, au début du mois d'août. Il sera absent pour une durée indéterminée, en raison de muscles pectoraux tordus.
Toutes ces additions ont aussi servi à remplacer des joueurs qui ont quitté l'équipe, entre autres : C.J. Gardner-Johnson (Eagles), Cameron Sutton (Steelers, suspendu pour huit matchs), et Tracy Walker (49ers).
Avec ces changements, les Lions croient qu'ils vont éviter la catastrophe de l'an passé, quand leur défensive a été la pire de la NFL, pour le nombre de passes de 20 verges et + (69), permises aux offensives opposées. Ainsi que le 2e pire bilan de la Ligue, pour la moyenne de verges accordées par passe. Mais les analystes experts, ne pensent pas que les efforts de l'équipe pour améliorer cette défensive seront suffisants. La tertiaire demeure plus que douteuse...tout comme l'extérieur de la première ligne.
À l'attaque, rien de trop alarmant si ce n'est la perte du receveur Josh Reynolds, parti à Denver via le marché des joueurs autonomes. Il en résulte un manque de profondeur qui pourrait nuire à l'offensive redoutable de Détroit. Chez les Lions, on pense que le choix de première ronde de 2022, Jameson Williams, pourra remplacer Reynolds comme ailier éloigné no 2, aux côtés de l'excellent Amon-Ra St.Brown (119 réceptions pour 1 515 verges et dix touchés, l'an passé).
Les deux premières saisons de Williams ont été ruiné par les blessures et une suspension pour gambling.
Kalif Raymond devrait voir plus d'action à titre d'ailier espacé numéro 3.
Le fantastique ailier rapproché Sam LaPorta, sera encore une cible principale pour le quart arrière Jared Goff, lui qui a établi un record l'an dernier, en captant 86 passes, pour 889 verges et dix touchés. Aucun ailier rapproché recrue n'avait fait mieux dans l'histoire de la NFL.
Avec le porteur de ballon recrue Jahmyr Gibbs (photo ci-dessus), LaPorta a également écrit son nom dans le livres des records. C'est le premier duo de recrues qui a amassé au moins 2 000 verges de gains (passes et courses combinées) et réussi 20 touchés, dans une même saison.
Gibbs (915 verges, dix touchés), et son coéquipier porteur de ballon, David Montgomery (1 015 verges, 13 touchés), ont formé aussi un duo irrésistible dans le champ arrière des Lions, l'an dernier. Le premier par sa rapidité et son habileté, le second par sa force.
Il faut dire qu'eux et le quart Goff ont pu profiter de la meilleure ligne à l'attaque de la NFL. Quatre des cinq partants de la saison dernière seront de retour cette année. Kevin Zeitler (ex-Ravens et élu au Pro Bowl) remplace Jonah Jackson (maintenant un Rams). Deux autres Pro Bowleurs s'alignent sur cette sensationnelle unité : le centre Frank Ragnow et le plaqueur Penei Sewell.
Le quart arrière Jared Goff (photo ci-dessous) a fait sa place parmi l'élite de ses confrères de la NFL, en capitalisant sur ses forces, bien exploitées dans un système offensif où il est devenu très à l'aise et confortable. Ses 4 575 verges de gains aériens, ses 30 passes de touché, et son coefficient d'efficacité de 97,9 attestent de son excellence.
Cela fait en sorte que l'attaque des Lions devrait être encore une des plus puissantes du circuit Goodell en 2024-25. Comme en 2023-24, quand elle a marqué 30 points et + dans onze parties, incluant deux matchs éliminatoires.
Comme la défensive, les unités spéciales n'ont pas été à la hauteur l'an passé. Surtout le botteur de précision Riley Patterson, que les Lions ont remplacé par Michael Badgley, à quatre matchs de la fin de la saison. Badgley est de retour cette année. Tout comme le botteur de dégagements Jack Fox, dont les Lions sont satisfait.
Le retourneur de bottés de dégagements Kalif Raymond est dangereux, et il occupera encore cette fonction durant la prochaine campagne. Craig Reynolds et Khalil Dorsey se sont livrés une lutte au camp d'entraînement pour les retours de bottés d'envoi. Il semble que c'est Reynolds qui a gagné.
CONCLUSION
Je ne crois pas que les Lions puissent faire mieux que leur fiche de 12-5 l'an dernier. Ils auront plus de compétition dans leur division, et ils auront plus de pression sur les épaules, puisque leurs partisans et les experts s'attentent à ce qu'ils franchissent le dernier pas, celui leur permettant d'atteindre enfin le Super Bowl.
Leur groupe de receveurs manque de profondeur. Si des blessures sérieuses font manquer plusieurs matchs à leurs principales vedettes offensives, ou aux principaux piliers de leur défensive, les Lions n'ont pas assez de réservistes de qualité pour s'en tirer sans coup férir.
Détroit n'a pas une formation si dominante. Leur attaque ne pourra pas toujours gagner leurs affrontements en fusillade. La défensive doit faire mieux. Elle a failli bousiller encore leurs matchs éliminatoires, la saison passée. Les Buccaneers de Tampa Bay, et les Rams de Los Angeles, ont souvent renversé la vapeur, et ils sont presque parvenus à vaincre les Lions, en passant le ballon presque à volonté contre la faible tertiaire de Détroit.
C'est un "must" de compter sur une défensive très solide pour accéder aux plus grands honneurs dans la NFL. C'est la défensive, dit-on, qui gagne les championnats. Ce n'est peut-être pas aussi vrai qu'avant, puisque la Ligue a changé ses règlements pour favoriser l'attaque, mais il n'en demeure pas moins qu'une trop grande faiblesse à la défense, peut sérieusement saborder vos chances de grimper jusqu'au sommet...